Non. Nous n'avons pas, en tant qu'étudiants en journalisme, effectué d'escapade
groupée sur la muraille de Chine (pas invités parmi la centaine de journalistes
français accompagnant la candidate PS à la présidentielle programmée cette
année). Mais je suis convaincu que c'est notre bravitude qui nous a donné le
droit aux vacances méritées desquelles nous profitons actuellement
(5 semaines en tout. Ça me rappellerait presque mon année Erasmus à Exeter!).
J'utilise ce magnifique néologisme royalien (devrais-je dire régalien?),
pour décrire, à ceux que ça intéresse, les semaines que nous avons passée
fin décembre. Des semaines... bien chargées! Et un peu fatigantes, même
pour des braves!
Elles ont en effet vu l'achèvement de nos enquêtes de terrain (la mienne,
avec 3 camarades, était consacrée à l'accueil de jour, insuffisant comme
celui de nuit, des Sans-abri). Deux bonnes journées de rédaction, puis
une autre de mise en page ont été un des faits marquants de ce mois de
décembre. Autre enseignement, autre nouveauté: la radio. Nous avons
eu nos premiers cours d'écriture pour ce média avec le responsable au
Cuej de cette spécialité peu en vogue (peu de débouchés en ce moment).
M. Deleu produit régulièrement des reportages pour France Culture et a
eu l'occasion d'enseigner la radio à l'ESJ de Lille (Ecole supérieure de
journalisme, une Institution à laquelle le Cuej n'aurait selon lui rien à
envier, je répète cela pour ceux qui se posent la question de la qualité
des écoles de journalisme publiques...). En parallèle, c'est notre voix,
notre aisance et notre diction que nous avons exercée, avec un comédien
professionnel un peu caricatural par moments mais éminemment sympathique
et plutôt pertinent dans ses remarques, sur notre façon de parler comme sur le
journalisme plus golbalement. J'en ai même noté quelques unes... que je vous
retranscris pêle-mêle, comme Serge Karamazoff à monsieur le Préfet. Parlant
du journalisme audiovisuel, il nous a incité à « retrouver le plaisir et la fraîcheur
du dire » et à « ar-ti-cu-ler! ». Puis a débordé sur sa conception du journalisme:
« le journalisme, c'est la pédagogie, c'est le sens. D'ailleurs l'info télé est moins
dans cela. » La pédagogie à sens unique dont nous ont bassiné les penseurs
éditorialistes pendant le débat référendaire est loin d'être ma tasse de thé.
Mais il est certain que notre rôle (futur), est d'expliquer, de donner envie
de connaître et de comprendre. Dernière pensée de notre comédien-enseignant:
« le grand danger, c'est la banalisation. La banalisation de l'anormal. Les chaînes
de tout-info ont fait beaucoup de mal à ce niveau ». On pourrait ajouter
les fast-news et les flux continus dont nous abreuvent France-info et le net.
Bref, c'est là-dessus que nos chers enseignants nous ont laissé partir en
vacances, non sans nous interroger brièvement en partiels sur le contenu
de nos cours théoriques (c'est de bonne guerre, même si comme le dit
Amélie Tautou dans le long et jaunâtre dimanche de fiançailles:
« y a pas de bonne guerre! »).
En fait, le terme de vacances est inexact car ne s'appliquant qu'aux deux
semaines venant de s'écouler. Le reste de ce mois de janvier est consacré,
au Cuej, aux stages d'observation en presse quotidienne régionale. Des
stages qui sont, dans la plupart des journaux, de véritables essais qualificatifs
pour obtenir un remplacement de deux mois pendant l'été. Pour ma part, ce
sera Ouest-France, à Rennes, pendant deux semaines. Juste avant de repartir
pour 3 mois à Strasbourg. Oh Yeah baby!